ACTION

'Noël gourmand' aux galeries Lafayette ??
par le Collectif bordelais pour les droits des femmes

Le 25 novembre était journée internationale contre les violences faites aux femmes…Mais aux galeries Lafayette, tout s’achète et tout se vend et les pires schémas sont aussi de la fête…

Le cynisme marchand de nos « Lafayette » bordelaises n’a pas hésité à utiliser l’un des clichés misogynes les plus misérables. Les vitrines qu’on nous offre à « lécher » pour ce « Noël gourmand » exhibent trois mannequins d’hommes autour d’un gros gâteau, reluquant au centre une femme en corset qui s’offre à la consommation, et « gourmandise » : sur son sein, quelques billets coincés … le tout animé par la rotation de la meringue et un clair-obscur rougeoyant… C’est Noël, n’est-ce pas !

Seconde vitrine : la poupée Barbie (en guêpière !) à laquelle on sait à quel point toute petite fille est censée s’identifier… dans une meringue, elle aussi, objet de la concupiscence d’un énorme visage libidineux, bouche ouverte, langue pendante. L’ogre en question (conte de Noël oblige) est censé incarner l’homme de pouvoir : cigare, bague et costume… Voilà de quoi renouveler l’imaginaire de nos enfants !

Nous n’acceptons pas ces reflets dégradants de la femme, de la fillette et de l’homme.

Nous n’admettons pas que, sous prétexte de fête marchande, promotion soit faite des pires relations humaines : rapport de domination, violences symboliques contre les femmes quand celles-ci, au quotidien, se heurtent aux violences réelles…

Nous refusons l’image banalisée de la prostitution et celle, plus sournoise, de la pédophilie.

Et nous réclamons le démontage de ces vitrines.

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Le 18 décembre 2009, les Galeries Lafayette de Bordeaux ont voilé les deux vitrines.

Communiqué Air Libre

La lesbophobie nous concerne toutes et tous !
Suite à l’article de P-J Pyrda du
18/11/2009 :
Albi. Un couple victime d'une agression homophobe

La dénonciation d’actes de lesbophobie est en recrudescence partout en France, le Tarn ne faisant pas exception (déjà deux faits médiatisés depuis septembre 2009 à Albi). Il est urgent d’agir contre ces actes, car ils traduisent un renforcement des valeurs traditionnelles et machistes qui laissent entrevoir une société où il ne fait bon vivre pour personne, quelle que soit sa sexualité. En cela, ces faits devraient nous concerner toutes et tous. En ces temps de crise anthropologique, quelle voie de sortie souhaitons-nous pour nos sociétés ? Un changement de paradigme vers une société solidaire où règnent l’entraide, l’égalité et la non-violence ? Ou bien, la seule perspective de nous raccrocher à des modèles désuets et destructeurs ?

En effet, la lesbophobie ne traduit pas le simple rejet des lesbiennes ou encore le déni et l’effacement des relations amoureuses entre les femmes, elle décrit bien plus que cela. Elle exprime la peur et la haine envers les lesbiennes parce qu’elles transgressent les rôles de la féminité et de la masculinité, et qu’elles sont indépendantes des hommes, sexuellement et socialement. Les deux lesbiennes albigeoises ne se sont-elles pas entendues dire : « On a vu que vous vous prenez pour des hommes, venez, on va vous sodomiser (ils ont employé un terme plus cru, précise Aurélie) » ?! Déroger à ces normes de genre (masculin/féminin) conduit inévitablement à des rappels à l’ordre (on peut parler aussi des petits garçons qui auraient la mauvaise idée de se mettre du maquillage pour jouer ; ou des petites filles qui se bagarreraient à l’école). En cela, la lesbophobie concourt à renforcer la naturalité des catégories de sexe : elle est un moyen de réaffirmer ce que doit être une ‘vraie’ femme (« qui ne se prend pas pour un homme ») et une ‘bonne’ sexualité (la pénétration par un pénis, ici la sodomie) ; elle est utilisée pour réaffirmer et montrer du doigt ce qu’est la norme de genre dans un système inégalitaire entre les sexes.

Ne nous leurrons pas face à la recrudescence de la lesbophobie ; elle nous concerne toutes et tous. Cette recrudescence est la marque d’un renforcement de valeurs traditionnellement machistes qui enferment les femmes dans des rôles et en font la cible de violences. Il est important de noter que les discriminations dont sont victimes les lesbiennes et les discriminations dont sont victimes les femmes hétérosexuelles s’articulent entre elles : en stigmatisant les lesbiennes qui servent alors de repoussoir à toutes celles qui tenteraient d’échapper à leur destin de femmes et en réaffirmant ainsi aux femmes hétérosexuelles leur place et leurs rôles (épouse, mère, ménagère – bien au chaud au foyer et non dans un bar de nuit).

A l’occasion du 25 novembre – journée internationale contre les violences faites aux femmes – ne pouvons-nous pas voir les liens entre les violences conjugales qui touchent 1 femme sur 10 en France et ces actes de lesbophobie ? Des violences qui sonnent de part et d’autre comme des rappels à l’ordre à se conformer à des normes et valeurs sociales qu’il est plus que temps de dépasser. Ne pouvons-nous pas inculquer à nos jeunes le respect des différences et leur offrir une société qui ne les enfermerait pas dans des modèles prêt-à-porter à défendre par la violence ?

AIR-Libre
(Créée en 2005 dans le Tarn) Association d’Interventions, de Recherches et de Lutte contre la violence dans les relations lesbiennes et à l’égard des lesbiennes : discriminations au travail, viol familial, violence domestique, isolement en milieu rural, rejet familial... D’approche sociologique, l’association met en place des groupes de parole, réalise des études, propose des formations, et s’investit dans des actions de prévention et d’informations.
Elle vise à combattre les effets hétérosexistes et lesbophobes de nos sociétés et à dénoncer le système hétérosocial qui les produit.
www.air-libre.org

Cosignataires du Tarn solidaires avec AIR-Libre :
APGL « Relais Tarn », Mouvement Jeunes femmes d'Albi, et SOS homophobie France

En Suisse...

La Journée des filles devient : "Journée des filles - Projets pour les garçons"... Trouvez l'erreur!
Lire l'article sur : http://www.feminisme.ch/

Etre féministe anti-raciste et anti-intégriste ?

C'est ainsi que Caroline Fourest définit sa position.

Essayiste, rédactrice en chef de la revue ProChoix (féministe, antiraciste et anti-intégriste), elle a écrit de nombreux essais sur l’extrême droite et l’intégrisme, tient une chronique “Sans détour” tous les samedi dans le Monde et une “Carte blanche” tous les vendredis à 7h25 dans les Matins de France Culture.
Elle enseigne sur “égalité et vivre-ensemble” à Sciences-Po Paris.

Lire l'édito de ProChoix n°1, déc. 1997 : Etre “prochoix” face aux “provie”

Aujourd'hui, elle présente le livre de Djemila Benhabib Ma vie à contre-Coran.

Elinor Ostrom

La première femme prix Nobel de l'Economie défend la propriété collective...

Lire l'article de Guillaume Champeau

NOS DIFFERENCES : "Sourde"







Audrey Lessard, première femme médecin sourde au Québec

Née en 1982, elle a toujours voulu être médecin. On lui disait que c'était impossible parce qu'elle était sourde.

«Ma mère et mon père m’ont beaucoup encouragée à lire sur les lèvres et à apprendre à articuler, raconte-t-elle. Ils voulaient que j’apprenne le français avant la langue des signes, pour que je puisse m’intégrer plus facilement dans la société.»

Audrey va à l’école assistée d'une interprète... «J’étais toujours la dernière de la classe, mais la première en mathématiques! Le plus gros défi, c’était surtout l’attitude des enfants par rapport à mon handicap. Certains pouvaient être vraiment méchants.»

Quatre interprètes différents se succèdent pendant son parcours secondaire et huit, pendant ses études universitaires. «Ça demande des personnes très motivées et qui aiment apprendre, souligne la jeune femme. Les termes médicaux, il n’y a pas de signes pour ça!» Audrey apprend les bases du langage médical à ses interprètes afin qu’ils puissent suivre les cours avec elle.

Audrey s'inscrit en pharmacologie puis en podiatrie, (la santé des pieds) : «Un domaine où on peut encore être pionnier». À la clinique, la jeune médecin rencontre ses patients en compagnie d'une interprète, Patricia Béland.

Actuellement, Audrey rédige un livre pour «montrer aux parents comment ils peuvent aider leur enfant atteint de surdité. Malgré tous les obstacles, je n’ai jamais abandonné, j’ai toujours eu le même rêve. J’ai suivi la trajectoire de l’objectif que je m’étais fixé à l’âge de trois ans : devenir docteur.»


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Helen Jarmer, première députée sourde à l'Assemblée autrichienne

Elue écologiste du parti des Verts, elle a prêté serment le 10 juillet 2009 devant le parlement autrichien à Vienne.

Agée de 38 ans, l'élue sourde sera assistée en permanence d'une interprète en langue des sourds. Désormais, tous les débats lors des séances du parlement autrichien seront traduits en langue des sourds.
Née de parents sourds, Helene Jarmer a perdu l'ouïe à l'âge de deux ans lors d'un accident de voiture. Professeur de mathématiques et de dessin, elle a suivi des études spécialisées pour sourds en Autriche puis aux Etats-Unis où elle a été diplômée de l'Université de Washington DC en langue des signes américaine.
Elle milite activement pour l'intégration des sourds dans la société autrichienne, en particulier dans le système scolaire. La jeune femme a notamment créé un site internet d'information spécialisée.
Helene Jarmer est la troisième élue sourde en Europe à siéger dans une assemblée, après l'élection du conservateur hongrois Adam Kosa au parlement européen et celle de l'indépendantiste belge flamande Helga Stevens qui siège au parlement flamand.

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Emmanuelle Laborit : « La surdité n’est pas un handicap à réparer »

Lire l'article d' Alexandra Bogaert

OUI à la NON-mixité /DOSSIER

Pourquoi des fêtes non-mixtes femmes, lesbiennes, trans ?

Source : Anonyme ?

Faire des groupes de femmes, pour parler du vécu des inégalités entre femmes et hommes, pour analyser l’oppression que l’on subit, là on voit bien. Mais pourquoi faire des fêtes entre femmes de tous poils ?

Parce que j’aime mieux ces ambiances. Pourquoi je préfère les fêtes non-mixtes ? Parce que dans ce cadre, les comportements qui me gâchent les fêtes ne sont pas là. C’est con, mais sans mecs, il n’y a pas plein de moments relous à gérer.

Parce que dans les fêtes mixtes, il y a toujours un mec pour me parler comme à une moule géante, comme si je ne suis pas un être humain, mais une chatte sur patte. Et qui m’insulte, me menace, ou est agressif avec moi quand je lui signifie que je veux bien parler avec lui, mais pas sur un thème sexuel. Et qui ne supporte pas que je sois désagréable quand il continue.

Parce que dans les fêtes mixtes, il y a toujours un mec pour venir bouffer notre espace quand je discute avec mes copines. Des femmes qui parlent ? Pas de soucis, on peut leur couper la parole, ah oui c’est l’homme qui arrive. Mais ça peut être plus subtil : parler fort à côté de nous, chanter, taper sur la table avec ses doigts, faire branler la chaise qui fait branler la pièce. Bref, toujours un mec pour ne pas supporter que quand il passe à côté de nous on ne le regarde pas, on ne s’occupe pas de lui.

Parce que dans les fêtes mixtes, il y a toujours des gens pour me regarder embrasser une autre meuf, comme si on était des animaux de foire, ou qui nous reluquent de façon intéressée, lubrique, comme si on était en train de faire un spectacle porno, ou, au pire, mais si courant, qui demandent de participer (parce que les lesbiennes ensemble, comment elles font pour baiser ???).

Parce que dans les fêtes mixtes, exister en tant que ce que je suis, lesbienne et féministe, il y a souvent des femmes et des hommes qui me disent gentiment que je le fais pas de la bonne manière : en tant que lesbienne, je suis trop visible, trop stéréotypée, trop masculine, trop féminine, je mets mal à l’aise les hétéros (...) et en tant que féministe, je suis pas sympa, trop agressive, sans humour, pas assez diplomate, trop diplomate, trop victime, trop violente... Bref, dans les fêtes mixtes, il y a toujours des gens ’dans la norme’ qui me disent très sincèrement comment il faut se comporter quand on n’est pas dans la norme, pour que les gens normaux ils soient content-e-s aussi, et surtout pour bien faire passer ton message ; parce qu’illes le savent bien mieux que toi, même si illes y ont réfléchi depuis deux heures, qu’illes te posent pas de question (parce que toi, tu ne te poses pas cette question à chaque fête mixte où tu étais venue pour t’amuser) et qu’illes ont jamais réfléchi à ce que je vis.

Parce dans les fêtes mixtes aussi, il y a toujours un mec bourré relou à la fin, dont il faut s’occuper, le pauvre chéri. Et qui menace de frapper quelqu’un-e ou de saloper ton lieu si tu t’occupes pas de lui.

Parce que dans les fêtes mixtes, on va pas demander une carte du gentil mec sympa, et que souvent celui qui va pas boire et gueuler, il va te draguer, celui qui est pas violent physiquement il va te faire la leçon de morale, celui qui est discret, il va quand même violer sa meuf... Bref parce que dans les fêtes mixtes, on va pas filtrer, et je vois pas sur quels critères on pourrait le faire vu que même mes potes mecs se retirent pas totalement de la tête que j’appartiens à une autre race qui a de fait moins de droit, de légitimité, ou alors, que je suis quand même, au fond, faite pour être baisée.

Parce que dans les fêtes mixtes, j’ai souvent des copines, des potes pédés ou racisés qui se font taper sur la gueule, et que ça me gâche ma fête (et qu’à force, je surveille quand j’arrive dans un endroit, lequel va nous agresser).

Parce que dans les fêtes mixtes, il y a souvent, vous l’avez compris, des mecs qui sont agressifs si tu leur réponds pas gentiment quand ils te parlent comme à un trou, si tu les regardes pas, si tu trouves la discussion avec ta pote plus intéressante, si tu montres que tu es lesbienne, si tu restes jusqu’à la fin, si tu baisses pas les yeux quand ils t’agressent, etc.

J’aime les fêtes non-mixtes, parce que enfin, je peux M’AMUSER TRANQUILLE, baisser ma garde, savoir que j’aurai pas à gérer tout ça, qu’on va me parler comme à un être humain, pas ’comme à une femme’, ’comme à une homo’, ou ’comme à une nana qu’il faut remettre à sa place parce qu’elle ne se soumet pas’. Je peux danser comme je le veux, sans qu’un gars croit que ça veut dire ’saute moi dessus’, je peux m’habiller comme je veux, me déssaper, sans que les nanas qui sont là, bien que certaines soient lesbiennes, croient que ça veut dire qu’elles peuvent se passer de mon consentement explicite pour me toucher, m’embrasser, coucher avec moi.

J’aime les fêtes non-mixtes parce que j’aime partager des moments de joie avec mes soeurs de condition, sans qu’il y ait un connard, camarade ou pas, pour nous pomper l’air. Et parce que des fois, si j’aime bien faire la fête en gérant l’embrouille, l’agressivité, ou en étant d’humeur guerrière, des fois, j’aime que non, j’aime bien faire la fête dans un monde moins con.

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Pour la non-mixité

Source : Octav.i.e

LA MIXITE ETANT POSEE COMME UNE VALEUR d’ouverture (à la Différence), la non-mixité devient alors un rétrécissement (rabougrissement) vers l’entre-soi vécu comme un appauvrissement.
MAIS, de fait, il y a des endroits où on ne peut pas aller parce qu’on est ce qu’on est, là ou il faudrait être ce qu’on n’est pas pour pouvoir entrer : parce qu’on n’est pas membre / pas homme / pas riche / pas blonde avec des gros seins / pas PDG / pas chef de gang / pas infirmière / pas astronaute...

LA MIXITE, d’abord entendue comme celle des genres, suppose un mélange de NATURES différentes comme si femmes et hommes étaient naturellement différent.e.s. Or, l’espèce humaine (‘sapiens’, dit Michèle Causse) est un produit grandement culturel. Et c’est par le recours au genre que femmes et hommes sont culturellement, socialement différencié.e.s - l’un étant universalisé, l’une étant genrée : ‘féminisée’ – sur la base d’une seule et unique différence, le ‘sexe’.

CERTES LA MIXITE SOCIALE est intéressante, porteuse d’échanges, de rencontres de l’Autre, de découvertes des différences et tout cela riche de dépassement de sa conscience étriquée d’individu.e vivant ici et comme ça en ignorant presque tout de l’ailleurs et du pas-comme-moi...
MAIS PENSER l’entre-femmes comme une fermeture c’est accorder du crédit à la biologisation et nier la diversité sociale.

MAIS PENSER l’entre-femmes comme une exclusion, c’est nier l’exclusion première dont les femmes sont victimes dans une société androcentrée, où l’homme (humain mâle) est considéré comme la référence et la femme (humain femelle) comme spécifique (cf. le travail de Claire Michard).
C’est nier la domination masculine et la nécessité pour les femmes de poursuivre la construction de leur défense.
C’est, de fait, imposer une dictature qui interdit la réunion (cf. les nombreux exemples historiques que nous ont fourni les régimes totalitaires) par crainte de la rébellion.
C’est nier la violence symbolique et la violence économique envers les femmes.
C’est ignorer la richesse du monde des ‘gynés’ dans lequel ‘chacune est à soi dans la relation philogynique avec l’autre’ (E. P. ) et la difficulté à penser par soi-même...

Et si la NON-MIXITE revendiquée politiquement par les femmes est si mal acceptée, il n’en va pas de même de celle, économique et beaucoup plus discrète (et de fait, elle ne remet pas en cause le pouvoir établi), qui regroupe les ‘riches’ entre eux dans des boites ‘privées’.

Sans compter tous les lieux qui, de fait, sont des espaces réservés aux hommes partout dans le monde, ici, ailleurs, où les femmes ne vont pas par crainte de la violence masculine : rues, bars, etc.

DANS UNE SOCIETE DOMINEE par la mâlitude, je revendique la nécessité d’espaces où l’on peut se retrouver dans l’entre-soi de manière militante, culturelle, festive pour prendre conscience de sa classe (ici de sexe / genre) et trouver la force et les moyens de lutter contre l'oppression et la discrimination.

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Mail à Ludi sur la non-mixité

Source : Bagdam Espace Lesbien

Je continue, si tu veux bien, notre conversation d’hier.
Je voudrais développer deux notions qui me paraissent essentielles : notre intérêt et notre plaisir.

I. Notre intérêt
À quoi sert la mixité pour le devenir lesbienne, pour notre déconstruction > construction ?
Quel + les hommes, les échanges avec eux, dans une pratique militante ou non, apportent-ils à la pensée lesbienne ? Autrement dit, à quoi nous servent-ils ? En quoi enrichissent-ils la pensée lesbienne ? Qu’inventent-ils pour les lesbiennes que les lesbiennes n’aient pas inventé ? RIEN.
En tant qu’élevées femmes (don de soi, oubli de soi, sacrifice de soi, servir tout le monde avant soi, ne pas dire non aux désirs des élevés hommes), notre premier réflexe de déconstruction doit être de travailler d’abord et avant tout pour nous, en toute légitimité et loin de toute culpabilité, de traquer en nous-même le conditionnement qui ne demande qu’à ressurgir (ne jamais sous-estimer la puissance en nous de la pensée dominante : elle nous a constitué depuis notre naissance). Nous devons être vigilantes en permanence à tout ce qui pourrait nous faire régresser, replonger dans le service et la secondarisation.
L’organisation des festivals LGBT est une flagrante illustration de cette régression : le plus souvent, ce sont des lesbiennes qui organisent et jamais elles n’imposent la parité, ce qui donne par exemple à Toulouse en 2008, sur 13 séances, 7 pour les gays, 2 pour les trans, 1 pour une problématique mixte, 3 pour les lesbiennes. Travailler avec les hommes revient à travailler pour les hommes.
Je pense profondément, comme je te l’ai dit hier, que fréquenter les hommes nous empêche de penser lesbien, nous fait perdre du temps dans notre devenir lesbienne, dans notre chemin pour arriver au plus près de nous-mêmes, de nos véritables désirs. Et mon hypothèse sur l’injonction actuelle à la mixité, doublée de l’apparition de la trilogie mariage/famille/enfant chez les lesbiennes durant cette décennie 2000 est précisément de l’ordre du « retour à l’étable ».
La mixité nous éloigne de nous-mêmes absolument.

Notre intérêt n’est pas celui des hommes
Dans leur immense majorité, les hommes n’ont aucun intérêt à la transformation radicale des rapports hommes/femmes. C’est un fait objectif : seules les dominées ont intérêt au changement, les dominants n’ont aucun intérêt à perdre leur statut de dominant. Ça tombe sous le sens. Tout va bien tant qu’il s’agit de proférer de belles paroles, mais quand les choses deviennent « sérieuses », c’est-à-dire quand il faut passer de la théorie à la pratique ou quand il y a des enjeux de pouvoir, les masques tombent.
Depuis l’apparition du MLF, on peut estimer à des centaines de milliers le nombre de femmes et de lesbiennes qui ont consacré et consacrent toujours leur vie à la transformation des rapports hommes/femmes. Combien d’hommes y ont consacré, y consacrent leur vie ? Je n’en connais que deux : l’un est Martin Dufresne, canadien, et il vit dans une grande solitude, me semble-t-il, l’autre était Léo Thiers-Vidal, mort en 2007 à 37 ans. Tu peux avoir une idée de ce qu’il écrit sur http://1libertaire.free.fr/leovidal.html : De l'indignation sélective des mecs anars... en général. C’était un grand ennemi de Welzer-Lang.
The signe qu’un homme est réellement du côté des femmes et des lesbiennes c’est précisément qu’il trouve normal, incontournable, la non-mixité. Ceux qui n’acceptent pas l’indépendance des lesbiennes et des femmes signent ipso facto leur certificat de machisme épais et négationniste : les mêmes ne contestent pas le droit de réunion et d’expression des Noirs, des Arméniens, des Juifs, des Arabes, des Latinos et tutti quanti, parce qu’il ne leur vient pas à l’idée de contester les dommages subis par ces groupes humains. Visiblement, pour eux, il n’y a pas de si grands dommages du côté des femmes. J’appelle ça du négationnisme.
En fait, pourquoi les hommes ne supportent-ils pas notre indépendance ? Pourquoi ces violentes réactions ? Explication : ça met en échec leur domination. Je n’en trouve pas d’autres. C’est pourquoi je ne leur fais aucune confiance. Les hommes sont mes ennemis politiques, qu’ils soient passifs (ceux qui profitent tranquillement de leur statut de dominants, sans en rajouter, mais sans jamais être déloyaux à leur classe de sexe) ou actifs (ceux qui agissent pour conserver leur pouvoir). Que je sache, aucun auteur gay n’a écrit : « Les gays ne sont pas des hommes. » « Homme est un concept irrécupérable. » Il n’y a pas d’équivalent de Wittig chez les penseurs gays.
Les hommes ne me servent à rien, sinon de repoussoir.

II. Notre plaisir
La non-mixité est d’abord pour moi, du PLAISIR ! Bagdam est Bagdam parce que le plaisir est le cœur palpitant de nos valeurs : d’abord et avant tout, se faire plaisir. Et la compagnie des élevés hommes ne me donne pas de plaisir. Pourquoi rechercher la compagnie de personnes qui ne me donnent PAS de plaisir ? C’est du simple bon sens. Tu vois, hier j’ai passé une délicieuse journée entourée de lesbiennes politiques (ben oui, quand même, être lesbienne ne suffit pas en soi et ne donne pas la science infuse, ni l’humour ni l’intelligence dont j’ai besoin pour vivre). J’ai pu être lesbienne non stop, à 100 %, j’ai pu parler lesbien non stop, à 100 %, aucun frein, aucune censure, et le plaisir de vos sourires, de vos rires, de vos pensées, de vos projets, de vos vies. N’en déplaise aux pourfendeuses d’essentialisme, je puise mes forces et mon plaisir chez les femelles de l’espèce, chez les élevées femmes qui pensent lesbien.
Et je pense à cet extrait d’une lettre de Marguerite Yourcenar à Natalie Barney : « Je me suis dit que vous aviez eu la chance de vivre à une époque où la notion de plaisir restait une notion civilisatrice (elle ne l’est plus aujourd’hui) ; je vous ai particulièrement su gré d’avoir échappé aux grippes intellectuelles de ce demi-siècle*, de n’avoir été ni psychanalysée, ni existentialiste, ni occupée d’accomplir des actes gratuits, mais d’être restée fidèle à l’évidence de votre esprit, de vos sens, voire de votre bon sens. »
Il faut savoir rester sourdes à nos propres
« grippes intellectuelles ».
Et tiens encore une autre citation, de Renée Vivien (vers 1900) :
« Je ne les aime ni ne les déteste. Je leur en veux d’avoir fait beaucoup de mal aux femmes. Ce sont des adversaires politiques que je me plais à injurier pour les besoins de la cause. Hors du champ de bataille des idées, ils me sont inconnus et indifférents. »
Et je termine par cette phrase de Michèle Causse, qui s’impose dans un développement sur mixité/non-mixité :
«Sortir de l’apartheid c’est engager une guerre de sécession.»
* Yourcenar écrit ça dans les années 50.

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Coordination lesbienne en France

Source : CLF

Extrait d'une intervention de Jocelyne Fildard où il est question de la réflexion qu'elle a développée sur le sujet où elle distingue « Non mixité d'exclusion » (celle que la société impose de fait aux femmes sans la nommer) et Non mixité de combat (celle que les femmes et les lesbiennes ont créé et dont il est question ci-dessous.

La CLF (Coordination lesbienne en France) est un collectif d'association non mixte. Elle met en avant la non-mixité, non pas dans un esprit de séparatisme ou de repli sur soi mais comme une stratégie de luttes. On nous le reproche, parfois, c'est oublier la non-mixité d'exclusion sur laquelle le patriarcat s'est appuyé, pendant longtemps pour dominer les femmes ,dans de nombreux domaines de la vie qu'ils soient culturels, politiques, religieux, professionnel etc. .

Notre non mixité nous permet de d'élaborer des analyses autonomes aboutissant sur parole elle aussi autonome et féministe ensuite portée à l'extérieur dans la mixité
… /…
Pourquoi, des lesbiennes ont fait et font le choix de militer essentiellement avec les femmes, avec les féministes plutôt que de militer avec les gays : la réponse peut sembler banale mais tellement lourde de conséquences : les lesbiennes sont des femmes et les gays sont des hommes. Je m'explique : Les lesbiennes sont opprimées en tant que femmes et en raison de leur homosexualité, il y a cumul d'oppression. Les gays sont opprimés en tant qu' homosexuels mais pas en tant qu' hommes .
… /…
Trop souvent, il nous a été conseillé de nous tourner vers les gays pour prendre en compte nos revendications...c'est un point de vue à ne pas négliger, mais symboliquement ,
- c'est ne nous identifier que par le prisme de notre sexualité,
- c'est ne pas nous reconnaitre comme des femmes à part entière,
- c'est aussi symboliquement nous renvoyer vers la domination masculine.

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Vous avez peur qu’on fasse exploser le bar si y’a pas de mec pour nous surveiller ?

Source : Malvira


J’ai proposé (avec beaucoup d’insistance, on est d’accord) que le Dyk’iri n’accueille plus que des femmes pendant cette soirée. La bonne nouvelle, c’est que les filles et les femmes à qui j’en ai parlé étaient très enthousiastes. La mauvaise, c’est que la MAC/RainbowHouse est beaucoup moins chaude…


Alors, fil rouge ou fil bleu ?

Pourquoi la non-mixité ? La non-mixité est une pratique politique (oui, j’ai écris un gros mot, je sais) qui permet à des groupes opprimés de s’émanciper sans le regard des groupes dominants (pour simplifier à mort). Le mouvement Noir, le mouvement ouvrier et le mouvement des femmes ont utilisé cet outil pour mettre au point des stratégies de lutte tout à fait nouvelles, en toute liberté.

En pratique, la non-mixité hors des groupes militants, ça sert à quoi ?


Eh bien dans ce cas précis, ça sert à empêcher la gêne occasionnée par les agressions des voyeurs, ou les agressions verbales des mecs qui se permettent des remarques graveleuses, voir des attouchements sur les lesbiennes. Parce que les femmes sont censées être à disposition des hommes, au moins visuellement (d’où les pubs avec des femmes dénudées, ou les remarques intrusives sur le physique des femmes que beaucoup de garçons trouvent tout naturel de déblatérer dès 14 ans-au choix « tu devrais maigrir/t’as pas seins/t’es moche/t’es bonne etc. ») hors, les lesbiennes dérogent à la règle. Elles ne veulent pas coucher avec des hommes ni se plier en quatre pour leur faire plaisir (ce qui est plus ou moins le but du dressage des filles à l’hétérosexualité, désolée les copines !). C’est probablement cet interdit sur le corps des lesbiennes qui motive cette forme de lesbophobie , ici l’hypersexualisation des lesbiennes via des films pornos par exemple, qui permettent aux machos d’avoir une sorte de contrôle sur ces femmes qui leur échappent.

Les résultats ? Voyeurisme, blagues malsaines, agressions verbales, physiques, sexuelles allant parfois jusqu’au viol (et tout ça est un peu pareil, à des échelons différents) ou au meurtres des femmes qui se défendent. Et nous n’avons pas à subir ça !


Il y a des solutions : autodéfense, éducation permanente (révolution lesbienne-féministe…), mais on a aussi besoin d’espaces de détente où se sentir bien, entre nanas, sans l’ambiguïté de la présence des mecs (hétéros/bi) dans les soirées lesbiennes, et le malaise qui en découle souvent, même quand les intrus se « contentent » de mater (le voyeurisme est une forme d’agression, et celles qui connaissent ce type de situation se souviennent du malaise qui sensuit). La non-mixité sert à créer des espaces où on n’a pas à se soucier de ce problème.


Ensuite, la non-mixité sert à se réapproprier un espace où comme partout, les hommes ont du pouvoir, et où les femmes sont moins nombreuses, et cantonnées le plus souvent en bas de la hiérarchie (pensez aux organisations LGBT que vous connaissez : non seulement se sont le plus souvent des mecs qui en sont les porte-paroles, mais aussi les présidents, les décideurs…). Enfin, et vous l’avez certainement remarqué, il n’y a pas de bars lez. Il n’y en a plus. Des bars lesbiens se sont ouverts à Bruxelles, mais ils ont tous fermé un à un, et voici quelques raisons :

C’était des bars « classiques », les femmes ne gagnant pas des masses de fric, soit on les a fermés, soit on a invité les hommes à y entrer pour faire survivre le lieu, auquel cas les voyeurs ramenaient leur sale fraise aussi sec, et les filles partaient. Les bars fermaient, fin de l’histoire, reprendre au début. Et ça fait des années que ça dure.


Vous voyez des deux côtés de la MAC ? Des bars gais. Des boîtes gaies (dont beaucoup interdites aux femmes). C’est bien sympa, mais où est notre espace ? On n’en a pas vraiment, faute d’argent, et de lieux disponibles (ou alors les squats, mais comme ailleurs les activités non-mixtes rencontrent parfois une très forte opposition). Et la MAC, qui n’est pas une organisation à but lucratif, peut nous offrir cet espace sans discrimination de classe, où l’on n’est pas obligées de consommer.


Pour les quelques –un-es qui trouvent scandaleux qu’on « exclue les hommes » (et qui n’ont jamais entendu parler de discrimination constructive) : les femmes savent qu’elles ne sont pas bienvenues dans beaucoup de bars (vous savez les vieux bars hétéros où il n’y a que des habitués qui vous regardent comme si vous débarquiez de Venus si vous venez y commander une bière), dans des groupes au boulot, au pouvoir également, le monde est dirigé par des clubs d’hommes. Normal de créer un espace en dehors de ces tensions ! Et partout dans Bruxelles les lesbiennes peuvent aller boire un coup ou s’amuser avec leurs copains. Mais uniquement avec leurs copines ? Où ?


La conclusion logique, c’est que faire des soirées pour filles uniquement serait très profitable, et même si la MAC est avant tout un point d’info, quand les filles qui n’ont jamais l’occasion d’y venir y découvrent des adresses, des activités ou des infos santé, c’est tout bénef pour tout le monde.

Et une soirée par mois, que les garçons aillent au bar d’à côté, ça n’a vraiment rien de dramatique. Qu’ils aient du mal à lâcher l’endroit, ça l’est davantage. Vu le nombre de soirées où il n’y a que de mecs à la MAC, une journée par mois pour que les filles se retrouvent entre elles, fassent la fête sans se sentir mal à l’aise ou se ruiner, franchement, c’est dérisoire…


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Mixité versus non-mixité


Source : Dirty Week-End


Vaste sujet et vaste débat. Je le sais, je le vis en ce moment au sein même du collectif. Prise de tête, prise de bec. Pourquoi je tends vers la non-mixité ? Déjà, ça ne concerne que les soirées, je ne suis pas séparatiste même si je ne côtoie absolument plus de garçons bios (je précise, ça a son importance, je crois) dans ma vie hormis les quelques crétins au boulot. Je milite enfin je m’active à créer avec des potes, une soirée faite par des filles, pour des filles. Or ça remue pas mal parce que ça ne cadre pas avec la norme. Déjà moi la norme, j’m’en tape, et bien au contraire si je peux shooter dedans, je le fais. Je voudrais juste pouvoir profiter de quelques moments, rien qu’à nous, pour nous, entre nous. Non pas de me séparer des hommes même si je le fais déjà naturellement et sans conscientiser mais juste afin d’échanger, de partager sur le fait d’être une femme, ce qu’on attend des autres, comment on le vit. Ok avec quelques bières dans la tronche et la musique à fond, tu politises moins le débat mais c’est quand même super bon d’être là, avec ses semblables, avec celles qui t’attirent, celles avec qui tu baises et celles qui te donnent envie. On dit que ça manque d’ouverture. Et je réponds que non parce que ça voudrait dire que c’est à moi en tant que femme d’aller vers les mecs, leur montrer de quoi je suis capable (alors qu'on ne se pose jamais la question inverse). Est ce que les mecs s’intéressent, produisent et militent pour les femmes ? Très peu je crois. L’omniprésence des hommes dans n’importe quel domaine est bien là pour le prouver. Et puis pour faire simple, et sans faux culterie, je veux des soirées non mixtes dans ma vie, pour draguer, pour mater parce que je suis gouine et que j’en ai vraiment de plus en plus ras le bol de vivre, de sortir dans une société complètement hiérarchisée (les hommes dominent, les femmes ruminent), complètement cadrée sur l’hétéro, sur le « quand je serai grande j’aurais des enfants, deux, un garçon et une fille » et puis marre aussi de ne plus me retrouver dans ces endroits gay complètement aseptisés, avec des tas de mecs avec qui je n’ai rien en commun, à écouter de la musique de merde, tout ça, sous prétexte que c’est « ma communauté ». C’est fini ce temps là, je ne m’y retrouve plus (sauf dans mon bar chéri du Marais, les souffleurs). D’ailleurs, est-ce que ces mêmes garçons homos comme ils disent (oh la référence encore super trop forte), font quelque chose pour nous, les gouines ? Rien. Je n’ai jamais rien vu, rien entendu, même rien perçu. Alors aujourd’hui je suis pour une non-mixité des soirées, peut-être pas toutes mes soirées mais le plus souvent possible et une non-mixité, non pas, contre les hommes… mais pour les femmes.


Un genre pas très féministe

Les hommes - alliés ou aliénés du genre ?

Claudy Vouhé - Consultante, Militante et Formatrice en genre et développement
Source : genreenaction.net

Je viens d’étudier plus de 200 dossiers de candidatures pour une formation en genre, dont près d’un tiers envoyé par des hommes : chercheurs, responsables de projets ou de politiques, « points focaux genre », expert ou formateur en genre etc. Leurs profils sont variés, tant au niveau de leur discipline qu’en termes d’âge, d’appartenance ethnique ou religieuse. De plus en plus d’hommes s’intéressent donc à l’approche genre. Tant mieux !? Pas si sûr …

Dossier après dossier, le même constat : ces hommes veulent des outils et des connaissances pour « mieux prendre en compte le genre dans leurs activités et leurs organisations et contribuer à la promotion des femmes... parce que les femmes sont centrales au développement, parce que les projets ne peuvent aboutir si elles ne sont pas impliquées, parce que le développement ne peut se faire sans elles … parce que le genre est inscrit dans le cycle du projet ». Certains annoncent clairement qu’il s’agit d’étoffer leur CV, d’être plus performant, voire de se positionner dans un secteur où la présence des hommes est nécessaire au nom de la parité, de la mixité, du passage de « femmes » à « genre ». Dans ces dossiers, le genre qu’évoque les hommes rime avec profession et organisation, pas avec justice et politique. Le changement attendu, c’est l’efficacité du développement, pas la liberté pour chacun et chacune de choisir sa vie, de décider de son corps et de son sort sans discrimination liée au sexe.
Seuls quelques hommes évoquent leur malaise – mais pas de révolte - face aux rapports inégaux entre les sexes, les non-droits et l’injustice. Peu parlent de leur vécu d’homme face au diktat de « l’hétéro-normativité », de leur envie de changer les relations de pouvoir entre les femmes et les hommes, et donc de changer les hommes … en commençant par eux-mêmes. Pas de témoignage d’hommes qui militent pour l’égalité hors de leur cadre professionnel.

« S’intéresser au genre » dans sa version professionnelle est de plus en plus facile et indolore, alors que le combat politique pour l’égalité est de plus en plus ardu et dangereux. En témoignent celles et ceux qui continuent à se battre de par le monde, parfois au risque de leur vie, pour faire changer les mentalités et avancer les droits. Ce grand écart entre l’institutionnel et le politique est alarmant. Alors que les mouvements de femmes sont aussi de plus en plus ONG-isés, que les projets genre phagocytent les projections féministes, faut-il voir comme un risque supplémentaire d’instrumentalisation le fait de composer avec des hommes dont la motivation profonde n’est pas la remise en cause des rapports de force entre les sexes et leur nécessaire renégociation ? Il ne s’agit évidemment pas de fermer la porte aux hommes car la révolution des rapports de genre ne se fera pas sans eux. Mais alors, de quel genre d’hommes l’égalité a-t-elle besoin ? Profil attendu …

Il faut que les hommes qui « s’intéressent au genre » cessent de voir dans l’approche genre un simple outil de développement ou un atout professionnel, mais s’en emparent en tant que puissant vecteur de transformation radicale des rapports de domination du masculin sur le
féminin, de mise à mal du patriarcat sous toutes ses formes. Qu’ils osent se lever en public pas seulement pour défendre les femmes discriminées mais pour accuser les hommes discriminants ; pas seulement pour protéger les femmes victimes de violence mais pour condamner leurs bourreaux ; pas seulement pour soutenir les femmes qui veulent entrer en politique mais pour exiger des hommes qu’ils partagent le pouvoir avec elles ; pas seulement pour défendre les services de la petite enfance si précieux aux femmes – et pour cause ! – mais pour montrer l’exemple et mettre au défi leurs congénères de prendre enfin leur place dans la vie domestique et le soin des enfants au quotidien. Qu’ils défendent l’idée qu’on peut être homme sans être ni dominant ni dominé, sans être forcement hétérosexuel. Qu’ils dialoguent avec les hommes et pas seulement avec les femmes sur la déconstruction des normes genrées … Qu’ils innovent pour développer des techniques permettant aux femmes de lutter contre la domination masculine et pas seulement de puiser de l’eau ou d’obtenir du micro crédit ? Qu’ils ne se contentent pas de faire du genre « sage » dans le cadre logique qui fait plaisir aux bailleurs, rassure les hommes, attendrit les femmes … et laisse les privilèges du masculin – donc les leurs - en place. Qu’ils questionnent leur propre rapport au genre, à leur sexe et à l’autre sexe*!

En lisant une ébauche de cet éditorial, une « ami-litante » m’a dit : « Je ne crois pas à une génération spontanée d’hommes féministes. Je crois à des jeunes hommes ou garçons qui ont réfléchi à leur propre rapport à la domination et à l’injustice ... ». On est d’accord, et le fruit de cette réflexion-là ne se fige pas dans un cadre logique, ne se résume pas à un programme sous-financé de 5 ans avec gestion axée sur les résultats !
Il ne s’intègre pas « à toutes les étapes de la programmation », ne s’inscrit pas dans la politique des bailleurs, ne se valorise pas dans un CV. Il marque toutes les étapes de nos existences, professionnelles et privées. Il construit, oriente, balise nos vies de femmes et d’hommes … il peut les détruire aussi. C’est vers cette conscience du genre que nous devons aller, et il me semble, en relevant le nez de mes dossiers de
candidatures, que les hommes ont plus de chemin encore à parcourir que les femmes.

* je suis évidemment consciente que ce que j’écris sur les hommes est en grande partie aussi valable pour les femmes !

ART / Pom Pompidou ouah !

Elles@centrepompidou : un féminin pluriel réaffirmé

EXPO au Centre Pompidou, du 27 mai 2009 - 24 mai 2010 Ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 11h00 à 21h00 - Tarif plein 12 EUROS, réduit 9 ou 8 euros.

CHRONIQUES d'un sexisme ordinaire ou dénié...


FEMINICIDE

Le sexisme du meurtre de masse commis par un lycéen en Allemagne


Source : http://humourdedogue.blogspot.com


C’est arrivé mi-mars. Particularité : le lycéen de 17 ans a tué à bout portant de balles dans la tête 11 filles et 1 garçon, ainsi que 3 enseignantes, dans l’enceinte de l’école. Puis en fuyant, il a tué sur son passage, 3 hommes. Le mot "misogyne" a été évoqué du bout du stylo dans quelques journaux français : toujours bien neutres et réservés quand le féminin baigne dans son sang.


Je suis allée vers le magazine féministe allemand Emma ... Alice Schwarzer analyse les faits, un mot vient pour ces jeunes filles visées à la tête : la haine des femmes. Quand il a pu choisir, il a tué des filles à 95 %. S’il s’était agi de tuerie ethnique ou confessionnelle, cela aurait déclenché un tollé général en Europe. Mais 11 filles et 3 enseignantes à bout portant, rien ! ...


Le meurtrier était un habitué de la porno violente mais ce sont surtout "les jeux vidéo" que les médias font mine de dénoncer. La porno est un providentiel levier de domination des femmes qu’il convient donc de ne pas perturber.


Le jeune homme avait été pris en charge précédemment en psychiatrie pour dépression mais les rendez-vous de suivi avaient été annulés par la famille.
En revanche, le stock d’armes, lui, était particulièrement bien tenu à jour. Mais posséder une arme ne fait pas de quelqu’un-e un meurtrier.
La vraie bombe à retardement c’est... dans la tête : droit de vie ou de mort sur autrui surtout si cet "autrui" est féminin ! C’est bien ce que les médias et le pouvoir signifient en faisant mine d’ignorer le sexisme lorsqu’il se manifeste aussi bruyamment pourtant...


J’ai ressenti un parallèle avec la tuerie récente en Finlande (sur 9 élèves tuées, 8 filles) à Kauhajoki en sept. 2008). Le traitement médiatique avait été identique : camouflage verbal sous le terme neutre "camarades" ( !), élèves, jeunes ... comme c’est pratique aussi ce masculin qui l’emporte (9 morts) quand il s’agit en réalité d’1 mort et de 8 mortEs...


Cela rappelle aussi le massacre de Montréal où Marc Lépine a tué 14 femmes à l’École polytechnique en 1989 en clamant qu’il haïssait les féministes, ou ce qu’il cataloguait comme "féministe" (les filles qui faisaient des études autrefois réservées aux garçons).


Le magazine Emma a fait le parallèle avec ces meurtres, et sur internet il a été le SEUL à le faire. Dans notre monde ultra médiatisé, cela ne vous étonne pas ?
Voilà, je voulais juste le signaler ici... Et j’attends que l’on convoque les "araignées du plafond" au tribunal pour toutes ces violences qu’elles commettent envers les femmes.


Le blog d'une chienne de garde

P.S. Au Québec, la journaliste Marie-Claude Lortie a été à peu près la seule, le jour même de la tuerie, à signaler que la majorité des "victimes" et des "étudiants" étaient des femmes. Le silence des grands médias était remarquable :
Marie-Claude Lortie, "Tuerie en Allemagne : les femmes étaient-elles visées ?", La Presse, 11 mars 2009.